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L'assurance en voie d'ubérisation ?

Elle court elle court, l’ubérisation de l’économie. Et elle touche progressivement tous les secteurs. L’assurance n’y échappe pas. Aux Etats-Unis, l’assureur santé Oscar a fait de l’expérience mobile et de la bonne gestion des données de santé un nouveau business model assuranciel.

L'assurance en voie d'ubérisation ?

En quittant son appartement de Manhattan à l’aube, Jonathan Coe, avocat dans un cabinet new-yorkais, se sent un peu grippé. Avec son rythme de vie, il se dit qu’il devrait consulter un médecin. Il décide de se connecter à Oscar et demande à parler à un médecin pour lui décrire ses symptômes. Après la consultation téléphonique, Jonathan est redirigé vers une pharmacie pour acheter le traitement prescrit. Le médecin est alors averti que Jonathan a bien récupéré les médicaments. 
Jonathan arrive au travail, commence le traitement et tout au long de la semaine, l’appli Oscar lui rappellera les médicaments à prendre. 

Un nouveau canular d’Orson Welles ? Non, une autre idée de la santé inventée par la start-up américaine Oscar. 

L’exemple d'Oscar aux États-Unis

Né avec la réforme Obamacare* dans la région de New York, Oscar Health propose des contrats d’assurance santé aux utilisateurs à partir de leurs données de géolocalisation. En quelques semaines, la start-up a raflé 10% de parts de marché de l’assurance santé (+ de 40 000 clients) sur les localités concernées et a pour ambition de déployer également son offre en Californie et au Texas. 
Sa valorisation vient de dépasser 1,5 milliard de dollars et annonce un chiffre d’affaires de 200 millions de dollars. Comment expliquer un tel succès ?

L’expérience utilisateur au cœur de la stratégie 

Oscar, à l’instar d’autres acteurs du marché, place l’expérience client au cœur de sa stratégie opérationnelle. D’abord, ses offres simples et transparentes couplées à des services en liens étroits avec les besoins réels de ses clients transforment le marché. Ensuite, l’interface de l’application est travaillée pour être particulièrement intuitive et agréable à utiliser. Oscar se différencie ainsi nettement des assureurs traditionnels américains qui souffrent d’une mauvaise image due à la complexité et au manque de lisibilité des contrats d’assurance santé. 

Les nouvelles technologies au service du client

L’assurance santé Oscar innove grâce aux nouvelles technologies digitales associées à une logique de prévention. Par exemple, l’application mobile permet à chaque assuré de trouver via Google Maps un professionnel de santé correspondant au problème de santé qu’il aura renseigné. Il peut également joindre les médecins, comparer les honoraires et prendre rendez-vous via la plateforme. 
Comme d’autres acteurs du digital, Oscar utilise un système « d’incentive » (primes) dans le cadre de programmes de prévention, pour encourager les assurés à atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés.  

Un réseau de soins interconnecté 

En mettant en relation les médecins, les hôpitaux et les pharmacies avec ses propres clients, Oscar collecte en permanence des données. Elles  lui permettent par exemple d’informer le médecin que son patient a bien acheté les médicaments prescrits, ou qu’il a consulté un autre service de santé.
En contrepartie de ces datas, l’assureur offre à ses utilisateurs un réseau de soins complet et un certain nombre d’examens gratuits (check-up, vaccins, médicaments génériques, activités de prévention, gymnastique, yoga).

Ce modèle d'ubérisation de la santé est-il adaptable en France ?

Oscar propose une approche différente de l’assurance santé de celle que nous connaissions jusqu’à présent : certains acteurs du marché de l’assurance se positionnent en amont des aléas de santé (prévention), même s’ils assurent également la fonction d’assureur contre ces aléas. Quels peuvent être les freins en France ?

L’utilisation et la confidentialité des données en question

Du fait du secret médical, la législation française fait de l’échange de données sur la santé des patients un sujet sensible. À cela s’ajoutent la surveillance de la CNIL et le peu d’appétence des assurés à partager des informations avec leur assureur. Cependant, la dispersion des données personnelles, qu’elle soit volontaire ou non, est de plus en plus importante, et va s’accélérer avec l’arrivée des objets connectés. 

Des exemples en France et en Europe

Le secteur de l’assurance en France voit son modèle économique évoluer via les objets connectés, comme par exemple les boîtiers mesurant le niveau de sécurité de la conduite routière. Avec ce système, l’assureur peut adapter son offre et sa tarification en fonction du comportement de chaque assuré**. 
Au Royaume-Uni, les salariés de la banque Barclays se sont ainsi vus équipés de bracelets de suivi d’activité pour les encourager à être plus actifs. L’enjeu est de diminuer les dépenses liées à la sédentarité et un faible niveau d’activité physique des salariés***. 

Le métier d'assureur face à l'ubérisation

Comme le montre l’exemple d’Oscar, les contraintes n’excluent pas l’innovation. Au contraire, alors que les modes de vie se digitalisent de plus en plus, les clients sont plus que jamais demandeurs de nouveaux outils et services susceptibles de leur simplifier la vie. 

Les assureurs doivent donc profiter de l’émergence croissante des objets de santé connectée pour  proposer des offres innovantes intégrant les bénéfices liés à l’e-santé.

La tendance du « self care » est également un précieux levier de promotion de la prévention pour tous les assureurs. Ce « self-care» est essentiellement structuré autour de la collecte des données de santé et de la surveillance des modes de vie de l’utilisateur. Il laisse ainsi entrevoir une nouvelle relation assureur-assuré, dans laquelle ce dernier est pleinement responsabilisé et incité à mettre en place des comportements bénéfiques pour sa santé. 

* Obamacare : mise en place d’une assurance santé obligatoire pour tous les Américains sous peine d’amende fiscale : 16,4 millions de citoyens non couverts sont amenés à bénéficier d’un contrat

** Source : Le Monde

*** Source : ADN’co, Communiqué de Presse, 20 octobre 2015

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