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La prévention, un futur business model de l'assurance ?

Le développement des nouvelles technologies fournit aux assurés des outils susceptibles de diminuer les risques de la vie courante. Face à la réduction prévisible de la valeur de certains marchés, les assureurs vont-ils s'engager vers la monétisation de la prévention ?

La prévention, un futur business model de l'assurance ?

Le concept de prévention n'est pas nouveau dans le monde de l'assurance. C'est même le fer de lance d'une stratégie qui consiste à responsabiliser l'assuré face au risque. Campagnes d'information sur les accidents de la vie courante ou sessions de formation aux techniques de conduite automobile (comme le stage post-permis de Crédit Agricole Assurances/Pacifica), nombreuses sont les initiatives prises par les compagnies dans un but évident : moins de sinistres, c'est moins d'argent à débourser pour indemniser.

Mais à l'heure du web 2,0 et des objets connectés, un nouveau défi économique semble se dessiner pour les assureurs. Bardé de systèmes de détection et d'alerte en tous genres, notre environnement vit dans la promesse future d'un éloignement du risque, remettant en cause les fondements même de l'assurance.

Vers une chute de fréquence des risques traditionnels

Les études en la matière se multiplient. Ainsi le cabinet McKinsey prédit une sinistralité en matière d'habitation en baisse de 43 % d'ici 2025. De son côté, KPMG annonce une baisse de la fréquence des accidents automobiles de 80 % en 2040. Les progrès attendus en matière de recherche sur la santé (génétique, biotechnologies) devraient également permettre à l'espérance de vie de significativement s'allonger dans les années à venir.

Habitat, automobile, santé : trois marchés majeurs de l'assurance qui pourraient voir leur valeur chuter fortement d'ici une ou deux décennies. Des prévisions de mauvais augure dans un contexte concurrentiel exacerbé, où les acteurs traditionnels sont bousculés par les Insurtech (l’écosystème de start-up mettant à profit les nouvelles technologies pour révolutionner les modèles économiques en place dans l’assurance). Et qui craignent de nouveaux entrants potentiels comme Google, qui pourrait investir le secteur de la santé...

Toutefois, cette vision pessimiste peut être modérée par l’émergence de nouveaux risques liés au développement du monde digital et par l’augmentation continue des coûts moyens induits par la dérive de la jurisprudence et la hausse régulière des valeurs assurées.

D’assureur à préventeur ?

Dans une récente tribune publiée dans Les Echos1 , Jean-Claude Sudre, expert en Insurtech et assurance connectée, atténue ce risque concurrentiel. Selon lui, les Insurtech ont besoin des assureurs pour se développer et un acteur comme Google mettrait trop longtemps à acquérir une légitimité sur le marché de l'assurance, par définition complexe.

L'expert préfère appeler de ses vœux la naissance d'une nouvelle espèce, le « préventeur ». Avec comme interprète idéal du rôle, l'assureur. En tablant sur le business model d'une prévention innovante, organisant une diminution du risque au prix d'investissements certes importants en technologies et ressources humaines. De nouveaux services qui pourraient être facturés sous forme d’abonnements.

Il y a vingt ans, les assureurs faisaient un premier pas en matière de prévention : ils s'engageaient à verser au moins 0,5% du montant des cotisations automobiles dans des actions de promotion de la sécurité routière. Aujourd'hui, c'est peut-être un bond de géant qu'ils vont devoir accomplir pour continuer à exister.

1 Le futur de l'assurance, c'est la prévention, J.C. Sudre, Les Echos, 6 juin 2016

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